Le Canada des conservateurs, une étoile du Nord?
Dans son discours du Trône, le premier ministre Harper fait référence à un Canada, sous un gouvernement conservateur, élevé au rang "d'étoile du Nord", agissant comme "guide pour les autres nations". Mais les actions de ce gouvernement depuis le 23 janvier 2006 n'ont été aucunement dignes de ce noble titre. Que ce soit sur la question de l'environnement, de la peine de mort, de l'Afghanistan ou du Moyen-Orient, le Canada a choisi de se mettre aux côtes des pays intéressés à orienter la communauté internationale sur le mauvais chemin.
Ceux qui guident démontrent de la responsabilité...
La délégation conservatrice est arrivée à la conférence de Bali sur les changements climatiques en déclarant que, à moins que les principaux pays pollueurs (États-Unis, Chine, et Inde) soient signataires d'un quelconque accord définitif, le Canada ne prendrait pas la tête et la responsabilité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit là d'un des pires exemples de diplomatie jamais entrepris par un gouvernement canadien.
Travaillant contre la volonté de la grande majorité des pays développés et en voie de développement, le ministre de l'Environnement John Baird et son entourage n'ont fait que miner la volonté des États-Unis et de la délégation japonaise, essayant de diluer et de rendre inutile n'importe quel document final que la conférence produirait.
Comme Stephen Harper, ils n'ont montré absolument aucun leadership, agissant plutôt comme de simples suiveurs. Seule une forte représentation par les ONG canadiens, les membres de l'opposition de tous les autres partis politiques fédéraux et les gouvernements provinciaux progressifs ont permis à la communauté internationale de se consoler avec le fait que le gouvernement réactionnaire de Stephen Harper n'est peut-être qu'une erreur de passage, qui sera tôt ou tard remplacée par un gouvernement progressiste plus éclairé agissant en véritable "étoile du Nord."
Ceux qui guident démontrent du leadership...
Le premier ministre Harper a fait deux choix critiques cet automne concernant la peine de mort. Tout d'abord, il a décidé qu'en rupture avec une longue tradition canadienne, il ne chercherait pas la clémence pour des citoyens canadiens condamnés à la peine de mort aux États-Unis.En second lieu, il a décidé que son gouvernement n'assumerait aucun leadership en agissant comme co-parrain sur un moratoire sur la peine de mort aux Nations unies. Les ONG et les anciens ambassadeurs canadiens auprès de l'ONU n'ont d'ailleurs pu comprendre cette position puisqu'il s'agit bien sûr d'un changement radical des positions canadiennes traditionnelles en matière de politique étrangère.De plus, ces deux décisions viennent alors que les États-Unis eux-mêmes sont en train de revoir la question de la peine de mort, l'État de New Jersey devenant le premier État a supprimer cette pratique barbare depuis 40 ans. Qu'est donc devenu le leadership du Canada?
Ceux qui guident respectent le droit international...
Depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir, le traitement des prisonniers capturés par les soldats canadiens en Afghanistan est moins que transparent, avec des cas de torture rapportés trop fréquemment. Pourtant, le gouvernement conservateur s'est montré peu disposé à appliquer pleinement le droit international vis-à-vis ces personnes. Un leader a l'obligation morale de respecter le droit international et reconnaît que ce dernier est applicable pour tous.
Ceux qui guident le font d'une manière équilibrée et impartiale...
En été 2006, les relations entre Israël et le Liban se sont dégradées en quasi état de guerre. Tout au long de l'année 2006, la situation politique dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie devint très instable, à la suite de l'arrivée au pouvoir de l'aile politique de Hamas dans une partie de l'autorité palestinienne. Le gouvernement conservateur, toujours en rupture avec la tradition diplomatique canadienne, a clairement choisi son camp.
Certes, Israël a parfaitement le droit de se défendre, mais c'est aussi la responsabilité de pays comme le Canada de s'assurer que le conflit est limité et respecte l'utilisation de forces militaires raisonnables - ce qui ne fut pas le cas.La décision de couper toute aide au développement de l'autorité palestinienne constituait également une rupture avec ce qui a toujours été une approche équilibrée et impartiale au conflit dans le Moyen-Orient. Encore une fois, où est donc passé le leadership traditionnel du Canada ?
Une "étoile filante" plutôt qu'une "étoile du Nord"...
Cette série d'événements indiquent clairement que la nouvelle politique étrangère du gouvernement Harper fait preuve d'une irresponsabilité honteuse et d'un manque de leadership consternant. Irrespectueuse du droit international, elle est tout simplement incapable d'avancer les positions équilibrées et impartiales qu'il convient d'adopter vis-à-vis les conflits internationaux contemporains.
Si l'image du Canada dans le monde nous importe, nous aurons donc l'obligation morale d'agir, à titre de citoyens, les élections venues. En attendant, nous ne pouvons qu'espérer que ce gouvernement, valet du gouvernement Bush, est avant tout une "étoile filante", soit un événement de courte durée et insignifiant qui, souhaitons-le de toutes nos forces, ne causera que peu de dommages irréversibles.
Note: "L'étoile du Nord" (n.) - titre de l'étoile la plus apte pour la navigation au nord
William Hogg
Département d'études politiques
Université Bishop's
Candidat du PLC Compton-Stanstead
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